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Distribution simplifiée de la ration Le rendement carcasse des jeunes bovins légèrement pénalisé

Peut-on alimenter ses animaux un jour sur deux et réduire ainsi le temps d’astreinte destiné à l’alimentation des animaux, sans pénaliser les résultats d’élevage ? L’Institut de l’élevage et la chambre d’agriculture de Vendée ont travaillé le sujet pendant six ans. À l’occasion des Journées 3R à Paris en décembre dernier, Didier Bastien (Institut de l’élevage) a présenté les résultats.

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« Sur jeunes bovins, si les rendements carcasses sont
inférieurs dans le cas des animaux alimentés tous
les deux jours. » (© Terre-net Média)
Quelles seraient les conséquences de la mise en place de la distribution de la ration un jour sur deux sur trois catégories d’animaux, dans un troupeau naisseur-engraisseur charolais ?

L’essai mené entre 2001 et 2006 en Vendée conjointement par l’Institut de l’élevage et la Chambre d’agriculture de Vendée portait sur des génisses, des vaches et des jeunes bovins.

Deux modalités sont comparées dans les essais : un lot témoin où la ration est distribuée quotidiennement le matin ; un lot expérimental où la ration est distribuée les lundi, mercredi et vendredi, le matin également.

Quantités distribuées équivalentes

Les quantités distribuées sur la semaine sont équivalentes entre les deux lots : ensilage et concentrés pour les génisses et vaches, concentrés pour les jeunes bovins.

« Pour les génisses, les quantités de l’ensemble des composants de la ration, hormis la paille, sont répartis équitablement entre les trois jours de la semaines », détaillait Didier Bastien, de l’Institut de l’élevage.

Il en va de même pour l’ensilage d’herbe des vaches.

Pour les jeunes bovins, la ration est distribuée proportionnellement : 2/7e les lundi et mercredi et 3/7e le vendredi, la paille était placée à volonté dans une partie de l’auge.
Les mesures ont porté sur les consommations d’aliments et les refus, le poids des animaux (début et fin de l’essai) avec de simples pesées toutes les 5 semaines sur les jeunes bovins et au milieu de l’essai pour les femelles.

Chaque pesée s’accompagnait également d’une note d’état de l’animal. Le comportement alimentaire des jeunes bovins a également été suivi. Les expérimentateurs ont également relevé les temps de travaux.

Performances comparables chez les génisses

Les résultats des génisses sont pour le moins encourageants car ils mettent en avant des consommations et des performances (poids, croissance) comparables.
« La consommation d’ensilage est légèrement inférieure de 3 % pour le lot expérimental par rapport au témoin, mais celle de la paille est supérieure de 10 %. Ceci peut s’expliquer par un gaspillage plus important du fait de la distribution au râtelier. »

Plus de foin consommé chez les vaches

Les résultats diffèrent par contre sur les vaches. Ainsi, les vaches alimentées tous les deux jours vont consommer plus de foin « au cours de la seconde moitié hivernale principalement » détaillait Didier Bastien. « Mais on ne peut pas exclure également une consommation par les veaux qui avaient un accès au râtelier du lot expérimental plus facilement qu’à celui du lot témoin. »
Autre information notable : la simplification du mode de distribution de la ration n’a pas entraîné de perte de poids chez les vaches.

Des rendements carcasses inférieurs chez les jeunes bovins

Sur jeunes bovins, on relève des consommations d’ensilage supérieures (+3,5 %) par rapport au lot témoin en finition hivernale, mais inférieure (-2 %) dans le cas d’une finition estivale.
Pour le lot en distribution simplifiée, 60 % de la quantité de maïs est consommée le lundi et 40 % le mercredi.

À cela s’ajoutent des comportements à différencier selon les lots : « les repas du lot témoin sont rythmés par l’activité de distribution et concentrés dans l’heure qui suit, avec un second gros repas pris dans la soirée ».

Pour le lot expérimental, l’activité du jour de distribution est assez comparable avec un déclenchement du repas qui se fait dans la foulée de la distribution. « Par contre, les repas sont beaucoup plus réguliers le 2e jour où il n’y a pas de distribution. Les animaux ruminent également davantage. »

Au niveau des croissances, bien que l’écart soit non significatif, on note toutefois que les animaux alimentés tous les deux jours ont des croissances en moyenne inférieures au lot témoin (-110 g/j).

De même, les rendements carcasses du lot témoin sont supérieurs pour les deux périodes de finition.
« Au final, les poids de carcasses obtenus avec une distribution simplifiée sont en moyenne inférieurs de 10 kg en été et de 19 kg en hiver, pour une même durée d’engraissement », notait le spécialiste de l’Institut de l’élevage.

Entre 30 et 50 % d’économies de temps

Pour les génisses, le fait de distribuer la ration trois fois par semaine au lieu de tous les jours permet de réduire de 30 % le temps de travail : « au final, l’éleveur passe 3h32 mn par semaine pour distribuer l’ensilage et les concentrés, repousser les ensilages et distribuer la paille sur le lot témoin ; contre 2h24 dans le lot expérimental », détaillait le spécialiste de l’Institut de l’élevage.

Chez les vaches, on retrouve là aussi un gain de temps moyen de 30 % en faveur de la distribution simplifiée. Dans le détail, l’éleveur consacre plus de temps à la repousse de l’ensilage (+19 %), mais moins à distribuer les fourrages (-40 %) et les concentrés (-23 %).

Enfin, sur jeunes bovins, si les rendements carcasses sont inférieurs dans le cas des animaux alimentés tous les deux jours, le temps passé à distribuer la pailles, les repousses et l’enlèvement des refus est également moins long : « comparativement à une distribution quotidienne, l’éleveur passe moitié moins de temps dans le cas d’une distribution simplifiée chez les jeunes bovins », concluait Didier Bastien.

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